la naissance d'Abigail

Blottie dans les coussins d'un fauteuil de velours noir, Abigail se ressert un verre de vin tout en contemplant, pensive, les flammes dansantes d'un grand feu de cheminée. Celui-ci n'a été allumé que pour donner une certaine ambiance à la pièce, mais qu'importe. Il l'aide a réfléchir.


Une semaine a passé.

Nous nous sommes réfugié dans une des maisons de campagne du maître, loin de Toulouse, à l’abri des regards.
Là, nous espérons trouver un peu de tranquillité le temps de décider, sous la volonté de Lucy, notre grande et vénérable prêtresse, la suite des événements.
Servir la déesse Victoria est un honneur. Sa splendeur nous a accordé le droit de poursuivre à bien les desseins du maître, du moment que cela n'entravait pas ses propres plans et que nous la servions. Elle nous a reconnu et nous lui sommes redevable. Gloire à la grande déesse !

Je ne suis plus humaine. Je ne suis plus mignon du maître, je suis son égal.

Enfin..presque. Son ascension de ces derniers jours est... elle me fait presque peur.

Enguerrand de Terreneuve.

J'ai encore du mal à l'appelé ainsi. Pour moi il sera toujours celui qui m'a trouvé.

Et moi qui suis-je à présent ? Tout est allé si vite.

La mort était mon obsession et j’excellais dans le domaine. Mais j'ai découvert au contact de Lucy et des adeptes de Victoria, de nouveaux plaisirs jusqu'alors inconnus. Une voluptueuse sensation m'a parcouru l'échine alors que je m’abreuvais au délicat poignet de notre lumineuse déesse.  Je découvre dans la non mort les plaisirs que je n'ai pas rencontré dans la vie.

Il me faudra du temps, mais j'apprendrais tout cela. Oui, j'apprendrais avec application.


Comme pour mieux appuyer cette dernière pensée, la toute jeune vampire salut de son verre le feu qui lui fait face et le vide d'une traite.