Le petit salon

Elisabeth entra dans le salon à la suite de Dahlia. Elle fit le tour de la pièce du regard, et s'installa à son tour sur un fauteuil lorsqu'on l'y invita. Pour finir par reporter son attention sur la vampire lorsqu'elle lui adressa à nouveau la parole.

Oui en effet.

Mais elle posa bien vite une question d'un tout autre registre. Non pas que le sujet sur le sang n'avait pas d'attrait, bien au contraire. Mais c'était juste par simple curiosité.

Vous semblez bien connaitre cette résidence. Vous venez souvent ici ?

la suite en privé

Certes, Daniel était venu, sans invitation à priori et magiquement de surcroit, avec le prince et le duc. Etait-ce une raison suffisante pour s'autoriser quelques privautés ? La scientifique n'en était pas convaincue. Quand bien même était-ce le maître des lieux en personne qui l'avait invité à entrer. Et Victor, semblant peu à son aise, semblait du même avis. Seule Dahlia paraissait être comme chez elle.
Mais tout ça avait finalement moins d'importance que le sujet de conversation.

Bien sûr que je m'en souvient ! Il m'aurait fallu être amnésique, ou passer des années plongé dans la politique pour oublier ce fait d'un grand intérêt scientifique !

Au bout d'un moment la porte s'ouvrit à nouveau et Dahlia retrouva le long couloir. Elle passa devant l'appartement de Julien sans s'attarder, il était visiblement toujours accaparé par le Prince.
Elle quitta donc la Résidence Terreneuve, laissant Victor terminer la discussion qu'ils avaient eue avec Elisabeth.

Bois de Malbou

Une main gantée se posa soudain sur l'épaule de Victor.

- Mais quelle agréable surprise...

La bouche glacée d'une poupée se posa sur la joue du malheureux ventrue.

- Mademoiselle Lily vous salue bien. Belle soirée ne trouvez vous pas ?....

Les yeux perçants du duc nosferatu semblèrent pourfendre le malheureux Victor malgré l'épaisse capuche qui couvrait les traits abominables du notable.

La scientifique aurait bien répondu à la proposition de Victor. Mais elle s'en abstient, s'avisant de la présence d'un visiteur inattendu.
Elle qui pensait finir tranquillement la discussion... Décidément, cette résidence était vraiment trop fréquentée.
D'autant que cette intrusion n'était pas des plus agréable. Elisabeth n'aurait su dire si c'était l'odeur, ou l'allure générale du Duc, ou encore son étrange poupée, mais cette présence lui fit froid dans le dos. Et il en semblait de même pour son nouvel ami.
Elle se serait volontiers éclipsée. Mais bon, mieux valait ne pas froisser le Duc. Et puis, peut être avait-il des choses intéressante à dire. Et peut être finirait-elle à s'habituer à sa... Non, ces présences dérangeantes... Enfin, peut être un peu.
Aussi, tenta-t-elle de faire bonne figure.

Bon... Bonsoir, monsieur le Duc... Et Mademoiselle Lily.

Le tout accompagné d'un signe de tête pour parfaire la salutation. Bon voilà, c'était pas un accueil des plus chaleureux mais cela devrait suffire. Pour le reste, elle laissait le soin à Victor de mener la conversation.

Le duc se mit à sautiller sur place tel un enfant satisfait.

- Bonsoir, bonsoir ! Mademoiselle Lily se porte à merveille comme vous pouvez le constater... J'espère que nous ne coupons pas une conversation privée.

Aussi vif qu'un serpent, l'étrange personnage se rapprocha d'Elisabeth et la dévisagea en souriant sous sa capuche.

- Cette demeure est décidément fort visitée depuis le départ de Lucius. Une bonne chose pour éviter qu'elle ne prenne la poussière. Que venez vous donc faire ici ma chère ? Quelqu'un a t'il besoin de vos talents de médecin ?

"J'espère que nous ne coupons pas une conversation privée" AH ! Si. Mais bon, bien sûr, Elisabeth se garda bien de le dire.
Malgré sa volonté de faire bonne figure cependant, elle ne pu s'empêcher d'avoir un mouvement de recul lorsque le Duc se rapprocha subitement de sa personne.

Oh ! j'étais venue rendre une petite visite à Julien.

Pour ce qui était de la poussière, ça c'est sûr ! Elle avait la vie dure avec tout ce va et vient.

Victor le suivait des yeux, essayant de saisir ses mouvements, bien qu'il était persuadé qu'il n'y avait pas grand chose à comprendre après tout... Il passa donc sur ce petit détail et se concentra sur ses paroles.

Non pas du tout cher Duc, je tenais compagnie à Élisabeth qui patientait pour voir Julien. Vous paraissez tout les deux comblés ce soir!

Il lanca un regard à Elisabeth et lui tendit une carte

Bien, je vais devoir vous laisser, je vous souhaite à vous tous une très bonne nuit.

Victor se leva, fit un dernier sourire à tous ce monde, et sortit de la résidence.

Bois de Malbou

Traitre !!! Il osait partir et la laisser seule avec le Duc ! Comme ça !
Si elle avait su, elle se serait éclipsé la première, quand elle en avait eu l'occasion. Chose qu'elle se promit de faire, la prochaine fois.
Elisabeth prit la carte que lui tendit Victor et le salua. En lui adressant, l'espace d'un instant, un léger regard noir, pour lui manifester sa désapprobation.
Puis elle tourna à nouveau son attention sur le Duc et sa poupée et, avec un sourire d'excuse, se leva à son tour.

Bon et bien, je vais à mon tour vous laisser... A moins que vous ou mademoiselle lily ayez à me parler.

Comme par réflexe, le duc se plaça entre Elisabeth et la porte de sortie, son seul échappatoire.

- Et bien, à vrai dire, mademoiselle Lily et moi vous cherchions. Les oiseaux de la nuit susurrent que vous seriez non seulement médecin mais aussi une scientifique de talent. Je serais prêt à payer cher pour avoir une personne comme vous dans mes relations. Seriez vous prête à en discuter ?

Le ton malsain du duc repoussant avait de quoi faire frémir. Sa main gantée occupait à caresser le crane chauve de sa poupée ne fit rien pour rendre l'atmosphère moins oppressante.

Mauvais signe ça. Très mauvais signe. Le Duc lui bloquait à présent la sortie. Et il n'avait pas l'air d'avoir envie de faire la fête ou d'être juste là en tant qu'ami.
Instinctivement, Elisabeth se rapprocha de la fenêtre la plus proche, seule option qui lui restait au cas où ça tournerait mal. Vraiment, Dahlia voulait faire appel à LUI pour obtenir ce qu'ils recherchaient ? Eh bien, elle lui souhaitait bien du plaisir. Pour sa part, elle préférait ne rien demander et sortir au plus vite. Surtout après avoir entendu l'intonation de sa voix, qui ne la rassurait vraiment, mais vraiment pas.

Euh... Bien... De talent je ne sais pas... Je... Mais je m'intéresse aux sciences... En effet...

Au son de sa réponse hésitante, pas besoin d'être un devin pour savoir que la scientifique n'était plus vraiment à son aise....

Elle avait peur. C'était si simple, si divertissant.
Le duc se rapprocha de quelques pas et sourit de toutes ses dents.

- Ah la science... Un domaine plein de promesses. Nous en reparlerons mais pas ici. Les murs ont des oreilles. Je vous retrouverez le moment venu, belle enfant... Mademoiselle Lily a les yeux posés sur vous.

Comme par enchantement, la tête de la poupée sinistre se tourna pour dévisager Elisabeth de ses yeux aux orbites vides. Aussitôt, le duc se décala d'un pas pour laisser le passage libre. Bien qu'il faudrait le frôler pour quitter les lieux... Une perspective probablement peu réjouissante.

Il la retrouvera le moment venu ? Elle espérait que non. Mais elle savait que ce serait le cas. Elle savait qu'il la laissait partir, mais qu'il ne serait jamais très loin. Comme un chat qui laisse croire à sa proie qu'elle a une chance de fuir.
Un frisson glacé lui parcouru l'échine quand la poupée posa sur elle son regard froid et vide. Si elle avait pu traverser le mur à se moment là, Elisabeth l'aurait fait, tellement elle y était collée. C'était quoi ça exactement ?
Bon, le Duc lui laissait le loisir de sortir, pour le moment. Mais il fallait pour cela passer proche, trop proche de lui et de sa... poupée. Bon, avant tout se calmer. Même si ils semblaient intimidants... Non, effrayants... Le Duc ne semblait pas lui vouloir de mal pour le moment. Et puis, il avait besoin d'elle, n'est-ce pas ? Il était peut être juste ainsi parce que c'était sa façon d'être après tout. Et si Dahlia s'était proposé d'aller le voir, il ne devait pas représenter un danger, hein ?
La scientifique se calma... Un peu... Au bout d'un certain temps. Elle ne réussi pas à faire taire totalement son angoisse, mais reprit un peu contenance. Assez pour glisser quelques mots, tenter de reparaitre naturelle. Enfin, juste tenter...

Bien je... Je vous souhaite... Une bonne soirée... A vous deux...

Ces quelques mots lui redonna un peu courage pour entamer le passage le plus délicat. La sortie. Un pas après l'autre, elle se rapprocha doucement. Dieu qu'ils étaient près. Vraiment trop près.
Un instant d'hésitation. Un sourire crispé et un hochement de tête, pour les saluer. Ou plus pour signifier "Excusez-moi, sans vous offenser, je ne fais que passer. Ne me faites pas de mal". Et puis, blocage de respiration, un pas plus grand, et elle passa vite fait devant le Duc et Lily. C'était désagréable, vraiment. Mais pouvoir s'éloigner d'eux tout de suite après faisait un bien fou. Sans courir, mais d'un pas vif, et en surveillant régulièrement qu'il ne la suive pas, Elisabeth, en partie soulagée, sortit sans demander son reste.


Extérieur